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GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT

Michel de Barrau
Fontenille, 15250 Jussac

le 31 août 2007
Messieurs les élus Parlementaires du Cantal.

Vent des Volcans
Obj. Grenelle de l’environnement.
L’éolien en France et en Auvergne

Monsieur,

Parmi les nombreux sujets qui vont faire l’objet de débats dans le cadre du Grenelle de l’environnement, le chapitre énergie tiendra sans doute une place importante. Peut-on espérer qu’à cette occasion la politique et les conditions de développement de l’éolien en France soit l’objet d’un examen sérieux ?

Grâce à la politique suivie depuis plus d’un demi-siècle, la France dispose, pour sa production d’électricité, d’un parc dont les avantages s’affirment un peu plus tous les jours et qui lui permet, à l’heure où la prise de conscience généralisée des risques liés aux gaz à effet de serre rend la lutte contre les émissions de CO² tout à fait prioritaire, de produire l’électricité de très loin la plus propre parmi ses voisins européens. Or chacun sait qu’en France le développement de l’éolien va imposer, pour palier à son intermittence, un renforcement du parc thermique aujourd’hui limité aux besoins liés aux pointes de consommation.

C’est ainsi, que si le programme de 17000 MW d’éolien installés d’ici à fin 2015 prévu par "l’arrêté PPI" du 7 juillet 2006 se réalise, il devra être accompagné de la mise en service de nouvelles centrales thermiques, la part de production d’électricité thermique passant d’environ 8% aujourd’hui à 12% à cette date, avec à la clé une augmentation sensible des émissions de CO².

A ce résultat négatif au plan écologique s’ajoute un bilan catastrophique au plan économique ; un investissement de 27 milliards d’euros équivalent à celui de 9 EPR pour une production (intermittente) à peine égale à celle (mobilisable) de 3 de ces réacteurs, et une ponction sur le pouvoir d’achat des Français de l’ordre de 4 milliards d’euros par an, à l’horizon 2015, par le biais de la facturation EDF – CSPE.

Au regard d’un tel bilan, connu certainement dans les sphères politiques, il est proprement scandaleux que rien ne soit fait pour enrayer ce développement éolien totalement anarchique qui, soutenu par un puissant lobby (SER et ADEME notamment), et à la faveur d’une opinion publique non informée ou parfois désinformée par les promoteurs, procure aux investisseurs des rentes qualifiées "d’indues" par la Commission de Régulation de l’Energie.

Certains mettront en avant la solidarité européenne, mais est-ce acceptable de faire payer au prix fort à l’abonné français, des KWh propres vendus au prix du marché à nos voisins très pollueurs et dont nous n’avons surtout pas à suivre l’exemple ? Ne faut-il pas rompre avec cette politique forcenée de subventions qui ne sert au mieux qu’à donner le change aux antinucléaires, mais qui ne résoudra rien au plan énergétique ?

En décembre 2004, le Conseil Général des Ponts et Chaussées a produit un rapport intitulé "Evaluation des questions soulevées par les demandes de construction de fermes éoliennes". Ce rapport, dont on peut se demander si il a bien fait l’objet de la diffusion qu’il mérite, notamment au niveau des DDE, fait un examen sans complaisance de cette ruée vers l’éolien dont les services publics au niveau régional ou départemental sont dans l’incapacité d’assurer une gestion convenable. Relevons une phrase de la conclusion de ce rapport, "Pour éviter les erreurs les plus manifestes, il y aurait lieu d’entreprendre dans les meilleurs délais un bilan quantitatif et qualitatif par département de l’application de la circulaire de 2003, ainsi qu’une analyse économique de la filière incluant les coûts externes et les effets sur le tourisme".

Il est vivement regrettable que cette recommandation n’ait pas été suivie d’effets et que rien n’ait été entrepris dans ce sens. Cela aurait sans doute permis d’éviter, dans notre département du Cantal, ce saccage en train de se réaliser sur le Pays de St Flour, vitrine du département sur l’A75, et qui semble devoir se poursuivre sur le magnifique plateau du Cézallier.

La démarche de notre association "Vent des Volcans" n’est portée ni par une quelconque idéologie ni par des intérêts financiers. Notre seule motivation est la protection du patrimoine unique que constituent les Monts d’Auvergne et leurs volcans. Face aux graves atteintes qui lui sont déjà portées et à celles qui le menacent, nous lançons un vibrant appel à nos élus qui comme nous lui sont attachés et qui auront certainement pouvoir, à l’occasion du "Grenelle de l’environnement", de faire entendre leur voix et d’agir pour sa protection.

Veuillez agréer, Monsieur ….., l’expression de notre haute considération.

Michel de Barrau

Vice-Président de "Vent des Volcans"

Lettre adressée à

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